En France, le 11 novembre est un jour férié en mémoire de l’armistice de 1918 mettant fin aux quatre années de guerre du premier conflit mondial.
En Pologne, ce jour est également férié. Il s’agit même de la fête nationale. Et pour cause, c’est le jour de leur indépendance !
Alors crevons l’abcès tout de suite, c’est grâce à la France que la Pologne existe vu qu’on a botté le cul des Allemands en 14-18, alors maintenant on va arrêter de nous accuser de pas avoir été défendre Danzig en 39 hein, ça suffit.
Plus sérieusement, en 1914, lorsque la guerre éclate, la Pologne au sens de territoire habité par des Polonais est divisée entre les tsaristes, les casques à pointe et les tyroliens (Russie, Allemagne et Autriche, pour ceux qui suivent pas). Et aller qu’on se fracasse la tête joyeusement entre frères !
En 1940, la France a eu le Colonel de Gaulle. En 1914, les Polonais avaient Jozef Pilsudski et son énorme moustache, attribut obligatoire du libérateur polonais. Pilsudski crée le POW, Organisation Militaire Polonaise clandestine, embryon de l’armée polonaise. Auparavant, il avait commandé en 1914 les Légions polonaises sous l’Empire Austro-Hongroise mais lui et ses soldats avaient refusé de prêter serment à l’Empereur. Faut quand même pas pousser mémé dans les orties, qu’il aurait dit. Pilsudski jouit d’une immense popularité, d’autant plus qu’il est emprisonné et interné en 1917.
Le 5 novembre 1916, dans le but de s’assurer le soutien des Polonais, l’Autriche-Hongrie entérine la création d’un état polonais qui n’a pas encore de frontière définie.
En 1917, la France accepte la création d’une armée polonaise sur le front de l’Ouest, sous commandement polonais.
Pilsudski est libéré le 9 novembre 1918 alors que la révolution éclate à Berlin, il arrive à Varsovie le lendemain et le 11 novembre se voit confier tous les pouvoirs, tel un Pétain.
Jozef Pilsudski et sa grosse moustache en forme de croissant au beurre
Voilà, les Polonais sont indépendants, ils sont contents et ont un super grand pays, dont les frontières vont encore changer avec les guerres post-Première guerre Mondiale. Notamment contre le démon bolchevique, qui fera l’objet d’un prochain article qui rapportera ce qu’a été LA BATAILLE DE VARSOVIE (ça fout des frissons, non ?)
Bon évidemment, tout ça, je ne l’ai pas appris comme ça, en regardant la télé polonaise, vu que j’y comprends rien. Non, j’ai, en cette spéciale occasion, été au Musée de l’Indépendance, à Varsovie, sur l’avenue Solidarnosc. Bon alors déjà, j’y ai été à 11h du matin, je devais être le premier visiteur, et ils n’avaient même pas de monnaie. Faut dire que le musée de compose de deux salles avec des panneaux explicatifs en polonais et en anglais, des objets, des affiches, des répliques de lettres, des photos et peintures, comme dans un vrai musée. Mais deux salles quoi ! Et même pas éclairées, vu qu’ils s’attendaient pas à avoir de visiteurs, j’étais dans la pénombre. C’est bien, c’est intimiste. Il y avait tout de même une troisième salle consacrée aux passeports européens. Oui. Les passeports de tous les pays d'Europe alignés. Super expo !
Le Musée de l'Indépendance
Du côté des célébrations, cela fait déjà plusieurs jours que les rues de Varsovie sont parsemées de petits drapeaux rouge et blanc, ainsi que de banderoles au-dessus de Nowy Swiat, la rue touristique principale. Au 14 juillet, nous avons le Président Sarkozy qui descend les Champs Elysées dans une jeep, les Polonais ont un acteur jouant Jozef Pilsudski dans un carrosse. Enfin pas cette année.
Nous sommes arrivés au Rond-Point du Général de Gaulle vers midi, et la rue était déjà pleine de monde. Devant un café, une dizaine de camions de police, et on a pu voir un skin head au visage tuméfié. Ce sont les « nationalistes » qui ont fait des leurs. Ils en ont marre des étrangers, la Pologne aux Polonais, bordel ! Je me suis fait tout petit, du coup, on sait jamais. D'après les médias, deux policiers ont été blessés.
Nous avançons dans la rue de l’Université. Nous nous attendions à ce que le cortège parte de la Vieille Ville et descende devant nous. En fait non. Nous nous sommes postés près de soldats qui criaient des trucs genre « Chchchchk POLSKA ! » en tapant fort leur fusil par terre. Ca avait l’air d’être une bonne place, et derrière eux il y avait des cavaliers, sur le trottoir. On s’est dit qu’ils allaient passer devant nous. Hahaha.
Les soldats qui crient « Chchchchk POLSKA ! »
La foule marchait sur toute la route, alors que ceux qui voulaient assister à la parade attendaient sagement sur le trottoir. Un seul, mais vraiment un seul militaire gueulait partout pour laisser la route libre, personne ne l’écoutait. Il n’y avait pas de barrière, rien. Une organisation d’amateurs. Pour la parade nationale. Ça promet pour l’Euro !
Un soldat polonais attaqué par Flash McQueen
Comme toutes les foules, la foule polonaise est stupide. Il fallait voir deux vieilles femmes s’écharper parce que l’une s’était placée devant l’autre, elles en sont presque venus aux mains tandis qu’un vieux regrettait l’époque communiste et souhaiterait que la police soit là pour filer des coups de matraque à ces jeunes cons.
Un pouetophoniste
Et la parade est partie. Dans notre dos. Les soldats et les cavaliers ont avancé sur le trottoir, nous prenant en étau entre la route et eux. Très agréable. Sérieusement, des barrières pour délimiter le passage de la parade, ça aurait été trop demandé ? Fallait deviner ? Surtout que l’an dernier, la parade partait de la Vieille Ville, pas de la moitié de la rue.
La foule s’est bien évidemment mise à gronder en polonais (ce qui a donné un truc genre « kechekechekeche ») et au même moment a démarré le reste de la parade sur la route. Dix véhicules à tout casser, pas de Jozef Pilsudski, tout était fini en cinq minutes. Déception.
La 7e compagnie en parade
J’ai été très déçu par un peu tout, dans cette parade. L’organisation, la foule, la parade en elle-même. J’étais tout content d’écrire un long article sur ce jour important pour la Pologne, rapporter les festivités avec beaucoup de passion, mais la réalité est que cette année, c’était pas top. Et en plus mon petit orteil du pied droit a gelé.
Je me suis quand même acheté un drapeau de Varsovie. Parce que j’aime bien Varsovie.
Si vous êtes un peu déçus, voici une autre sorte de parade, avec des danseurs sous acide :