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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 07:00

Monte Cassino, Italie. 1944. Les forces de l’Axe tiennent la colline, empêchant l’avancée des Alliés vers Rome. Les Américains, les Français, ont tenté de mener l’assaut. Sans succès, à chaque fois, ils ont été contraints de reculer. Le 11 mai s’avance l’armée polonaise du Général Anders.

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Le monument à la bataille du Monte Cassino, à Varsovie.

 

Débarqués depuis septembre 1943, les Alliés sont enlisés dans la péninsule italienne, les Allemands tenant fermement la petite largeur de la péninsule italienne, la colline de Monte Cassino, 516 mètres d’altitude, avec à son sommet une abbaye, étant à la base de la défense de la ligne Gustav. La route vers Rome passe par le Monte Cassino.

 

Le 17 janvier 1944 débute la première bataille de Monte Cassino, lancée conjointement par les Britanniques, les Américains et le Corps Expéditionnaire Français. Après une avancée rapide, les Allemands contre-attaquent et récupèrent les terrains perdus.

 

A partir du 15 février, les Néo-Zélandais lancent l’assaut, après que 420 tonnes de bombes se soient abattues sur l’abbaye, la transformant en ruine imprenable. Après trois semaines de météo exécrable, les Allemands repoussent définitivement l’assaut allié le 22 mars. Déjà trois mois que les Alliés sont bloqués au pied du Monte Cassino. Le Reich jubile.

 

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Monte Cassino en 1944

 

L’assaut final se prépare au début du mois de mai. Le deuxième corps polonais du Général Anders, loyal au gouvernement-en-exil à Londres, est chargé de conquérir le Monte Cassino pendant que les tirailleurs marocains ravagent les positions allemandes aux alentours.

Le 11 mai, les Polonais commencent à escalader un Monte Cassino n’offrant aucun abri aux balles des troupes d’élite allemandes. Après une semaine entière de combats sanglants et héroïques, la tête baissée sous les rouleaux de feu lâchés par l’artillerie allemande, les premières lignes systématiquement déchiquetées, le peu de Polonais encore capables d’avancer prenaient le Monte Cassino, le 18 mai, à 10:20.

Rome tendait les bras aux Alliés, 200 000 âmes resteraient à jamais aux pieds du Monte Cassino.

 

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Le caporal Emil Czech sonne la victoire.

 

La nuit-même de la victoire, Feliks Konarski et Alfred Schütz écrivent et composent Czerwone maki na Monte Cassino, « Les Coquelicots Rouges du Monte Cassino », jouée quelques jours plus tard aux soldats rescapés de l’assaut.

 

 

 

Czerwone maki na Monte Cassino [Les coquelicots rouges du Monte Cassino]

Zamiast rosy piły polską krew. [Au lieu de rosée ont bu du sang polonais]

Po tych makach szedł żołnierz i ginął, [A travers ces coquelicots est passé un soldat, et y a péri]

Lecz od śmierci silniejszy był gniew. [Mais la colère était plus forte que la mort.]

Przejdą lata i wieki przeminą, [Les années passeront et les siècles passeront,]

Pozostaną ślady dawnych dni. [Ne resteront que les traces de l’ancien temps.]

I tylko maki na Monte Cassino, [Et seulement les coquelicots du Monte Cassino]

Czerwieńsze będą, bo z polskiej wzrosną krwi. [Seront plus rouges, car ils ont été arrosés de sang polonais.]

 

Sur les flancs du Monte Cassino reposent les dépouilles des soldats polonais. A sa mort après la guerre, le Général Anders, conformément à son souhait, y a été enterré au milieu de tous ses camarades.

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Le cimetière militaire polonais du Monte Cassino

 

L’armée polonaise a mené frontalement l’une des batailles les plus importantes de l’année 1944. Pourtant, les héros de Monte Cassino, à l’instar des vaillants pilotes qui ont défendu Londres pendant le Blitz, ne valurent pas à la Pologne d’être écoutée et prise en considération dans les plans pour l’après-guerre. Pire, délaissée et oubliée par ses alliés occidentaux qu’elle avait pourtant soutenu quand eux l’avaient abandonnée, la Pologne sera écrasée par l’U.R.S.S. de « l’Oncle Joe » Staline pour le demi-siècle à venir.

 

Un film sur la bataille est prévu pour 2014 avec un héros…américain. Il n’aurait plus manqué que le personnage principal soit un Polonais ou un Néo-Zélandais, ou pire encore, un Marocain, tiens ! Comme si ceux-là avaient payés un tribut à la guerre, n’importe quoi.

 

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Monte Cassino après la bataille

 

Le mot de la fin à Jean-Paul II :

 

« Chaque Polonais se souvient avec orgueil de cette bataille qui, grâce à l'héroïsme de l'armée commandée par le général Anders, ouvrit aux Alliés la route de la libération de l'Italie et de la défaite des envahisseurs nazis. Au cimetière militaire du Monte Cassino, se trouvent des tombes surmontées de croix latines et grecques, ainsi que des pierres tombales portant l'étoile de David. Là-bas reposent les héros tombés au feu, unis par l'idéal de lutter pour "votre liberté et pour la nôtre", qui inclut non seulement l'amour pour sa propre patrie, mais également la sollicitude pour l'indépendance politique et spirituelle d'autres nations. »

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 07:00

J’aime les jeux vidéo, on ne va pas revenir cent-sept ans là-dessus. C’est pas ma faute, je suis né ainsi. Et en plus, il parait que c’est héréditaire, mon père aussi aime ça. Quelle tragédie, quand on y pense, toutes ces heures perdues à s’amuser au-lieu de glander devant Une Famille en Or.

 

Je ne fais pas une fixation sur la Pologne, je ne désire pas ardemment tout ce qui arbore un drapeau blanc et rouge, sinon j’aurai déjà envahi Monaco avec mes petits poings. Si j’achète un bouquin d’un auteur polonais, c’est tout d’abord parce qu’il m’intéresse, idem lorsque je regarde un film polonais. J’irai jamais m’infliger un supplice juste parce que c’est polonais (et là j’ai une petite pensée pour mes amies slovaques qui s’imposent quantités de daubes françaises juste parce que ça vient de chez nous).

Il en va de même avec les jeux vidéo. Avant d’acheter un titre qui a été développé par un studio polonais, j’achète surtout un jeu qui me fait envie. Après, tant mieux si ça me donne de quoi écrire un de mes deux billets hebdomadaires.

 

Comme je l’avais souligné il y a bien plus d’un an, la Pologne est un pays qui produit de bons jeux vidéo, et est un acteur qui compte, notamment et surtout dans le monde du PC avec CD Projekt. Pourtant, je ne joue que rarement sur ordinateur, mon netbook ne pouvant faire tourner que poussivement Jedi Knight (c’est suffisant, remarquez). Je suis un joueur console, et CD Projekt n’a sorti que The Witcher II sur Xbox 360, pas le I. Donc ça me fait un peu suer de prendre une histoire en route (coucou les joueurs PS3 qui ont commencé Mass Effect à l’épisode 2). Toute cette longue introduction pour dire que l’été dernier, je me suis payé Bulletstorm, par People Can Fly, à moins de dix euros sur Xbox 360, et que j’ai bien kiffé.

Bulletstorm et People Can Fly, j’en avais déjà vaguement parlé lors de mon billet présentant les studios de jeux vidéo en Pologne, mais depuis, donc, j’ai pu poser les mains sur ce titre qui, à défaut de révolutionner le petit monde vidéoludique, m’a bien fait marrer, du genre « gros rire gras ».

 

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Bulletstorm est un First Person Shooter futuriste, avec tous pleins d’aliens et de technologies lasers. On incarne Grayson Hunt, chef alcoolique d’une bande de Pirates de l’Espace, ancien membre de l’équipe Dead Echo sous les ordres du General Sorano, qui les a trahi. En cherchant à se venger, Grayson et son équipage s’échouent sur une planète hostile. Voilà, c’est de la série B, mais ça passe bien parce que c’est totalement assumé, et les dialogues font toujours sourire, s’inspirant sans vergogne des pires nanars d’action des 80’s.

 

Ce qui distingue Bulletstorm des autres FPS est son système développé de score. Chaque ennemi tué rapporte un certain nombre de points en fonction du style : plus c’est original et difficile, plus les points obtenus sont élevés. Il existe des dizaines de manière de massacrer les vilains extra-terrestres, en combinant par exemple le fouet pour amener l’ennemi vers nous, le repousser d’un coup de botte, puis le cribler de balles pour qu’il aille s’empaler sur un cactus géant. Plus c’est sadique et plus c’est amusant, d’autant plus que les noms de ces skillshots sont très recherchés : Acupuncture, Tapette à mouches, Explofion (« Tuer un Burnout en tirant sur l'excroissance de son cul »), Trou de balle, Bouboule de feu, Révolution française (« Décapiter au moins deux ennemis d'un seul tir chargé »), Fontaine à bidoche, Chiche-kebab…

 

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On se marre donc bien tout au long de la virée sanguinolente de Grayson et son équipe, mais cela se finit rapidement, en environ sept heures (je sais, c’est la moyenne pour un FPS aujourd’hui, mais je ne m’y habituerai jamais). Cependant, une campagne plus longue aurait fini par lasser, cela s’arrête pile quand il faut. Et puis ce n’est pas le seul mode de jeu que propose Bulletstorm

Le mode Echoes nous lâche sur une carte, et l’objectif est simple : faire le plus grand score en un temps donné. Enfin, l’unique mode multijoueur est Anarchy, qui largue quatre joueurs sur une carte, où ils doivent repousser des vagues d’ennemis le plus longtemps possible.

 

Bulletstorm est beau, Bulletstorm est bon, mais Bulletstorm est spécial : il faut vraiment être dans le trip sous peine de vite se lasser. Ce n’est pas un jeu révolutionnaire, il est classique dans sa construction, mais bon, pour un soft que l’on trouve facilement pour 10€ ou moins, ça vaut le coup d’essayer.

 

D’ailleurs, je n’ai pas été le seul à apprécier Bulletstorm. Il a recueilli une note de 84% sur l’agrégateur Metacritic. Quant aux ventes, même si elles ont été trop faibles pour espérer un second opus, cela reste relatif : avec un million de ventes en mars 2011, après un mois de commercialisation, l’on atteint là des chiffres que beaucoup de studios ne souhaiteraient rien qu’effleurer.

 

 

(J'adore ce trailer.)

 

A noter que People Can Fly a sorti le mois dernier une préquelle à LA série phare de la Xbox 360, Gears of War (Ha… quoi ? Halo ? Connais pas.) qui s’est ramassée des critiques mitigées (79% sur Metacritic quand la série principale tournait à plus de 90%) et des ventes moyennes, sans pour autant être catastrophiques : c’est la fin de génération, on ressert des concepts éculés pour en garder sous le pied pour la nouvelle génération de consoles en fin d’année. J’en reparlerai, je kiffe sa race Gears of War.

 

(Et EA a mis à disposition l'OST de Bulletstorm : http://ll.assets.ea.com/nawp/na/u/f/...kbs_tagged.zip )

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 07:00

Coucou Lady Pank.

 

 
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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 07:00

Le championnat national de football polonais a été officiellement créé en 1927. Aujourd’hui appelée T-Mobile Ekstraklasa, elle est la version polonaise de la Ligue 1 Orange.

Le championnat se joue à 16 équipes, donc sur 30 journées d’août à mai, avec une (très) longue trêve hivernale, dont le dernier champion en date (2011/1012) fut Sląsk Wrocław.

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De 1927 à 1939, le championnat est largement dominé par Cracovie (6 titres : 3 pour Cracovia, 2 pour le Wisła, 1 pour le Grabarnia) et le Ruch Chorzów, qui remporte 5 titres.

Après la Seconde guerre mondiale, le championnat qui reprend en 1947 est totalement différent : exit les clubs des villes passées à l’URSS, comme Lwów, et bonjour les clubs des villes allemandes de Silésie, comme Wrocław ou Zabrze. Les quatre premiers champions viennent de Cracovie (Cracovia puis Wisła x3). Si le Legia Warszawa remporte son premier titre en 1955, le club phare sous le joug communiste est le Górnik Zabrze qui remporte quatorze titres de champion entre 1957 et 1988 ! Le Ruch Chorzów remporte lui huit titres, le Wisła et le Legia quatre chacun.

 

Seulement, l’ère démocratique qui s’ouvre ne fait pas du bien à Zabrze qui n’a plus gagné depuis, le Wisła reprenant sa place de locomotive du football polonais, avec huit titres sur les quinze dernières années.

 

Parmi les clubs historiques participant à l’édition 2012/2013 de l’Ekstraklasa, on retrouve le Górnik Zabrze, le Legia Warszawa, le Wisła Kraków et le Ruch Chorzów, mais j’y reviendrai plus en détail dans un article à venir.

 

Que vaut le championnat polonais ? C'est triste à dire, mais techniquement, pas grand-chose. Alors oui, j'extrapole un peu, je ne m'inflige pas tous les matchs de chaque journée de championnat. 

Récemment, j'ai pu voir Wrocław - Legia, le champion 2012 contre le futur champion 2013. Eh bah putain, ce fut un festival d'approximations tactiques et techniques, c'en était effrayant. Après, il y a de l'engagement, de l'envie, un peu de folie pour palier aux manques footballistiques, donc cela reste un tant soit peu attrayant à regarder, le temps d'une mi-temps.

En revanche, le spectacle est largement plus présent en tribunes : tifos géants, fumigènes (pas bien), public chantant de la 1ère à la 90e minute, ça saute partout, c'est chaud. Ca permet de mieux comprendre l'engouement dingue pour le football, et à Varsovie, pour le Legia (sérieusement, ils sont timbrés avec ce club).

(Pour ceux que ça intéresse, le Legia a gagné 0-2).

 

Palmarès :

 

14 titres : Górnik Zabrze, Wisła Kraków

13 : Ruch Chorzów

8 : Legia Warszawa

6 : Lech Poznań

4 : Cracovia, Widzew Łódż

 

Quelques statistiques, parce que j’aime les statistiques :

 

Plus grand nombre de saisons en Ekstraklasa : Legia Warszawa (77), Wisła Kraków et Ruch Chorzów (74).

 

Meilleurs buteurs : Ernst Pohl (186 buts, 1954-1967), Lucjan Brychczy (182, 1954-1971), Gerard Cieślik (167, 1948-1959).

 

Plus grand nombre d’apparitions : Marek Chojnacki (452 matchs, 1978-1996), Dariusz Gęsior (427, 1987-2007), Janusz Jojko (417, 1980-2003).

 

Nouveauté probable pour la saison prochaine avec la mise en place d'un système de play-offs, les 8 premiers de la saison régulière s'affrontant pour le titre, les 8 derniers pour éviter la relégation. Je trouve cela profondément stupide : le 8e peut devenir champion et le 9e être relégué. C'est nul.

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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 07:00

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Jeudi 2 mai, en Pologne, était célébré le Jour du Drapeau, Dzień Flagi Rzeczypospolitej Polskiej. Le principe est très simple : tous les bâtiments officiels (ou non) se doivent d'arborer le drapeau polonais, les présentateurs à la télévision portent de jolies cocardes blanche et rouge, et vingt soldats défilent dans la Vieille Ville de Varsovie.

 

La première question qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai appris l’existence de cette journée fut « Pourquoi ? ». Cela m’a semblé improbable de voir un jour consacré au drapeau. Il fut instauré en 2004 pour « éduquer le peuple polonais sur l’histoire et la signification des symboles nationaux ».

Sérieusement ?

Ok, ça aurait été une vieille tradition, j’aurais pu comprendre, mais en 2004 ? C’est ce genre de choses qui me gêne le plus en Pologne, ça me met toujours mal à l’aise.

 

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Remontons un peu le temps pour retourner à l’époque communiste.

Le 1er mai était férié, célébrant le Jour du Travail. Dans la Pologne d’avant-guerre, l’on célébrait le 3 mai le Jour de la Constitution, et cela fut interdit par les Communistes. Afin d’éviter toute célébration de la Constitution, les autorités obligeaient toutes les institutions à vite retirer les drapeaux polonais le 2 mai, aussi rapidement que possible, si bien que tôt le matin, il n’y en avait déjà plus trace.

Après la réintroduction du Jour de la Constitution en 1990, les drapeaux restaient accrochés du 1er au 3 mai.

Voilà.

 

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Ça ressemble à ça, le Jour du Drapeau.

 

Tant que nous sommes là, faisons un peu de vexillologie. Vous pouvez me faire confiance là-dessus, je suis un as, j'ai analysé toutes les propositions de drapeaux faites dans toute l'Histoire de la Bosnie-Herzégovine, alors ce ne sont pas deux bandes de couleurs rouge et blanche qui vont me faire peur.

D’autant plus que l’explication des couleurs du drapeau est très simple : le rouge et le blanc dérivent des couleurs de la double-couronne polono-lituanienne disparue en 1795. On raconte que le blanc signifie la paix et le rouge rappelle le sang versé pour l’indépendance du pays, mais c’est du bullshit.

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 07:00

T.Love, encore. Et c'est sale.

 

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 07:00

Fryderyk Szopen.

Cela ne vous dit rien ?

 

Frédéric Chopin ?

Ah oui, lui, vous le connaissez.

 

Né à Żelazowa Wola (50km de Varsovie) en 1810 ; mort à Paris, Place Vendôme en 1849. Entre les deux, une vie des plus remplies.

 

D’un père français, d’une mère polonaise, le petit Frédéric est pourtant à 100% polonais. Déménageant à Varsovie quelques semaines après sa naissance, ses parents acquièrent un piano et l’enfant se révèle très précoce et très doué. A huit ans, il joue avec un orchestre et est célèbre dans toute la ville.

Après le lycée, le jeune Chopin entre au Conservatoire en 1826 et se met à composer. En 1827, sa sœur aînée contracte la tuberculose et meurt. Frédéric est souvent malade, chaque petite infection pouvant devenir mortelle, et il restera souffrant jusqu’à la fin de sa vie, faible et amaigri. Des scientifiques polonais ont émis l’hypothèse qu’il eut pu être atteint de la mucoviscidose.

Il quitte Varsovie pour Vienne en 1830 et ne reviendra jamais en Pologne. Il passe une année dans la capitale autrichienne pendant que son pays se soulève contre la domination russe avant de se voir écraser. C’est à ce moment-là qu’il commence à composer ses œuvres les plus célèbres (Etudes op.10 et op.25).

Il rejoint Paris en 1831 et plonge dans la vague romantique qui secoue la vie artistique de la capitale au même moment que débute la Monarchie de Juillet. Après des débuts timides, il connait un succès impressionnant jusqu’à sa mort en 1849. Son dernier concert, le 16 février de cette année, fut, d’après La Gazette Musicale, fabuleux : « c’est tout au plus si nous arriverions à vous donner l’idée d’un talent purement idéal, et dans lequel la matière n’entre à peu près pour rien. Pour faire comprendre Chopin, nous ne connaissions que Chopin lui-même; tous ceux qui assistaient à la séance de mercredi en sont convaincus autant que nous ».

De 1831 à 1847, Chopin est le compagnon de George Sand, mais leur rupture le laisse affaibli. Il meurt le 17 octobre 1849 Place Vendôme et est enterré au Cimetière du Père Lachaise au son de Sonate pour piano n°2, la célèbre Marche Funèbre. Son cœur, lui, a été transporté jusque Varsovie où il a été placé dans un pilier de l’Eglise Swiętokrzyska sur Krakowskie Przedmieście.

 

 

Chopin est une fierté nationale en Pologne. Dans le Park Łazienkowski, au centre de Varsovie, trône une gigantesque statue du pianiste. Quand les beaux jours arrivent, chaque dimanche après-midi, un pianiste renommé vient jouer, pendant une heure, des morceaux de Chopin en plein air, pendant que la foule se rassemble sur les bancs et dans l’herbe autour du monument. Pour y être allé plusieurs fois, c’est très bien (même si une fois je me suis endormi, et une autre j’étais trop absorbé par un combat de catch entre deux bébés).

 

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Concert à Łażienki.

 

Evidemment, il existe un musée consacré à Frédéric Chopin à Varsovie. La boutique est géniale. Après, le musée en lui-même… C’est très avant-gardiste, c’est spécial. Des pièces classiques reconstituent les salons du pianiste ou exposent des correspondances, des partitions, des photographies. D’autres sont beaucoup plus bizarres, avec une atmosphère sonore parfois dérangeante. Dans un couloir, point de piano, mais une voix bruyante qui murmure « Chooopin Chopin Chopin Chooopin ». C’est stressant et ça fout mal à l’aise (et ça reste dans la tête des heures…Chooopin Chopin Chopin !). Par contre, il y a une base de données gigantesque à consulter sur place, ainsi qu’une salle de concerts (évidemment).

 

« Chooopin Chopin Chopin Chooopin ! »
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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 07:00

J’ai récemment fini de lire les mémoires de la Seconde guerre mondiale du résistant polonais Jan Karski, Mon témoignage devant le monde, originellement intitulé Histoire d’un Etat Secret. C’était très bien.

 

Avant d’aller plus loin, je tenais à noter que Points a fait du super boulot sur l’édition française, avec des notes à foison (50 pages !), et en ayant conservé l’orthographe polonaise des noms, avec toutes leurs lettres bizarres là (coucou Ł, ą, ę et autres ż).

Seulement, quelque chose me gêne sur la couverture. Je sais bien qu’il faut vendre le plus possible, etc. Mais sérieusement, mettre en bas « Par le témoin du film Shoah », c’est super réducteur. Déjà Karski avait été gêné de ce que Lanzmann avait fait de son témoignage en le tronquant et en ne gardant que ce qui servait son propos (exit la partie où Karski parlait des Polonais sauvant des Juifs), mais surtout ça ne couvre que deux chapitres sur trente du bouquin. Bref.

 

[Yannick Haenel a écrit un roman sur lui, intitulé Jan Karski. Je ne l’ai pas lu et ne le lirai probablement jamais. Ou alors vraiment quand je n’aurai plus rien à dire sur ce blog.]

 

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Qu’il est beau mon livre !

 

Qui était Jan Karski ?

Un héros.

 

Né Jan Kozielowski (il adoptera son nom de code Karski à la fin de sa mission) en 1914 à Łódż, il est mobilisé près d’Oświęcim (plus connu sous son triste nom allemand d’Auschwitz) à la fin d’août 1939. Réveillé par les bombardements allemands le 1er septembre, il est repoussé avec sa compagnie toujours plus à l’Est, sans jamais avoir pu se battre. Finalement capturé par les Soviétiques, il est interné dans un camp de concentration. Officier, il est maltraité mais parvient à échanger son uniforme contre celui d’un soldat pour se retrouver échangé avec des prisonniers polonais détenus par les Allemands. Aux mains des Nazis, il réussit à s’enfuir du train qui le transportait en sautant en marche.

 

De retour dans Varsovie défigurée, il entre dans la Résistance et après quelques opérations de courrier, il rejoint la France via la Slovaquie puis l’Italie faire son rapport au Général Sikorski. De retour en Pologne, il continue ses activités, et sur le chemin d’une nouvelle mission dans les montagnes slovaques, il se fait arrêter. Battu sévèrement par la Gestapo plusieurs fois, perdant quatre dents, il tente de se suicider mais est sauvé par un garde slovaque, puis transporté à l’hôpital, où le personnel va se débrouiller pour le garder le plus longtemps possible, avant qu’il ne soit transféré dans un hôpital polonais, à Nowy Sącz, toujours sous bonne garde de la Gestapo. La résistance locale réussit à le libérer. On lui confiera : « Ne nous soit pas trop reconnaissant. Nous avions deux ordres. Le premier, c’était de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour te sauver et t’amener à bon port. Le second, c’était de te liquider si l’opération tournait mal ».

 

Après avoir participé au service de la propagande, il est choisi pour aller faire un rapport exhaustif de la situation en Pologne et des diverses sensibilités politiques à l’œuvre auprès des Polonais en exil à Londres. C’était le cœur de sa mission.

Seulement, deux dirigeants juifs le contactent pour qu’il rende également compte des atrocités commises à l’encontre des Juifs. Par deux fois, Karski est à sa demande introduit dans le Ghetto de Varsovie pour constater de ses propres yeux ce qu’on lui a raconté. Je n’ai aucunement besoin de rentrer dans les détails, vous les connaissez tous. Karski se débrouille ensuite pour infiltrer le camp de Izbica Lubelska grâce à un uniforme de garde ukrainien et assister au chargement inhumain des Juifs dans des wagons à bestiaux.

 

Se faisant passer pour un Français, Karski traverse tranquillement le Reich en train, s’arrête à Paris puis à Lyon, avant de passer les Pyrénnées en vélo, de rejoindre Barcelone, puis Madrid, avant d’être exfiltré vers Londres via Gibraltar, où il fait son rapport. Il rencontrera également Roosevelt, tentant de l’alerter sur l’extermination des Juifs en Europe.

 

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C’est fou comme il n’a pas changé en cinquante ans.

 

Il faut garder à l’esprit que le récit que nous livre Karski était à des fins de propagande en 1944, alors que l’URSS avait rompu tout contact avec le gouvernement polonais en exil à Londres et que les autres Alliés n’en avaient plus rien à faire d’eux, oubliant tous les sacrifices des Polonais chez eux, mais aussi lors des batailles de France et d’Angleterre (je reviendrai un jour sur les aviateurs polonais qui ont défendu Londres). Pour ne pas servir l’ennemi, Karski a changé beaucoup de noms de personnes et de lieux, mais comme je l’ai dit, les notes de l’édition française rétablissent la vérité, et c’est un délice.

 

Le livre explique également quelque chose qui a souvent été oublié : il n’y a eu aucune collaboration étatique en Pologne. Le gouvernement polonais de Londres dirigeait réellement le pays dans l’ombre, avec son administration, son système judiciaire, etc.  

 

Karski a vécu le reste de sa vie aux Etats-Unis, poursuivant une carrière universitaire, sans jamais parler de son expérience avant que Lanzmann ne lui demande en 1978. Il a été fait Juste, et même proposé au Nobel de la Paix après sa mort en 2000.

 

Et pour l’anecdote, c’est lors de la remise posthume à Karski de la Medal of Freedom en 2012 qu’Obama a fait une terrible bourde, parlant de « Polish death camps ». Comme chacun sait, il n’y a jamais eu aucun camp de la mort polonais. Les camps installés sur le territoire polonais ont été créés, construits et administrés par les Nazis, les Polonais n’y entrant que pour y mourir dans d’atroces souffrances. Sans oublier que la Résistance polonaise avait dès 1942 créé Zegota, une formation dont l’objectif était de sauver le plus de Juifs possible. L’on pourrait aussi citer le soutien à l’insurrection du Ghetto, à laquelle la Résistance a donné 10% de son armement. Las, l’on ne changera pas 60 ans de fausses idées. J’y reviendrai probablement plus longuement un jour.

Obama s’est par la suite excusé devant le Président polonais Komorowski, mais le mal était fait.

 

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 07:00

Hop, une chanson du groupe Enej, succès de 2011.

 

 
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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 07:00

B Ł A S Z C Z Y K O W S K I

 

22 points au Scrabble polonais, 72 au Scrabble français si l’on compte le Ł pour un L (rigolez pas, j’ai vérifié les points sur Wikipedia). Imaginez en mot compte-triple. Bon, c’est vrai, il faudrait réussir à caser Błaszczykowski sur le plateau, et que le Scrabble accepte les noms propres.

 

Avant d’être un nom imprononçable pour une bouche française, Błaszczykowski est le nom de famille d’un certain Jakub, footballeur polonais, capitaine de sa sélection depuis 2010 et évoluant au Borussia Dortmund. Oui oui, le club jaune et noir qui vient d’en passer quatre au Real Madrid, tous marqués par un autre Polonais, Robert Lewandowski. Mais comme son nom est moins dur à prononcer, c’est moins drôle de faire un article sur lui pour le moment.

 

Qui es-tu, Jakub Błaszczykowski ?

Né en 1985 près de Częstochowa (ce qui explique pas mal sa très grande foi catholique, il lit la Bible tous les jours), il commence le football à l’âge de huit ans. Mais à dix ans, une tragédie lui fait arrêter la pratique de ce sport : devant ses yeux, son père poignarde à mort sa mère. Pendant que l’assassin croupit en prison, Jakub et son frère sont élevés par leur grand-mère. C’est son oncle, Jerzy Brzęczek, alors joueur professionnel (médaille d’argent aux JO de 1992), qui pousse le petit Jakub à continuer le football.

 

Après un court passage dans les équipes de jeunes de Zabrze, Błaszczykowski fait ses débuts en 4e division au KS Częstochowa en 2002, à 17 ans. Son oncle fait jouer ses pistons pour permettre à son neveu d’effectuer un essai au Wisła Kraków, club majeur du pays, en 2004. Jakub est tout de suite convaincant et intègre l’équipe première.

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Avec le Wisła contre le Panathinaikos

 

En trois saisons, l’ailier glane un titre de champion de Pologne, et plusieurs distinctions. En vrac, il est distingué comme le meilleur milieu de terrain du championnat aux Oscars du Foot de Canal + en 2006, et intègre l’équipe de l’année en 2006-2007.

 

La Pologne, c’est bien beau, mais il est temps pour Błaszczykowski de changer d’air, de voir plus grand. Il signe en février 2007 pour le Borussia Dortmund, qu’il rejoint en juillet, pour 3 millions d’euros.  Il se fait rapidement une place dans le Onze du club de la Ruhr, et est désigné par les supporters Joueur de l’Année 2008.

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Avec le Borussia

 

Błaszczykowski est un élément essentiel du projet de jeu élaboré par Jürgen Klopp, et remporte par deux fois la Bundesliga, en 2010/2011, et la saison suivante, y ajoutant même une Coupe d’Allemagne pour ce qui constitue le premier doublé de l’histoire du club. Si cette saison (2012/2013), le Borussia Dortmund n’a pu que laisser le Championnat et la Coupe à un Bayern Munich stratosphérique, Błaszczykowski et ses compères se sont donc qualifiés pour les ½ finales de la Ligue des Champions et ont pris une sérieuse option pour la finale avec cette victoire 4-1 sur le Real Madrid.

 

Capitaine de la sélection polonaise depuis 2010, Błaszczykowski n’a pourtant pas toujours été chanceux sous le maillot blanc et rouge. Il connait sa première sélection au printemps 2006, mais loupe la Coupe du Monde en Allemagne à cause d’une blessure. Grand artisan de la qualification des Aigles polonais à l’Euro 2008, il rate là encore la compétition, à nouveau blessé.

A son Euro 2012, en Pologne, Błaszczykowski est excellent, délivrant une passe décisive contre la Grèce et égalisant contre la Russie d’un magnifique but (vidéo dans cet article). Même si j’ai toujours apprécié Dortmund (le jaune et le noir, je suis fan depuis Maya l’Abeille), c’est à cette occasion que j’ai réellement pu apprécier le jeu de Błaszczykowski, plein de hargne, de rage, de combativité, avec une technique balle au pied et une frappe au-dessus de la moyenne. Capitaine courage, haranguant ses coéquipiers, il ne peut malheureusement pas éviter l’élimination de son équipe au premier tour. Mais bordel, quel type.

 

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A l’Euro 2012


Une petite compilation vidéo avec de la musique de merde (sérieusement, coupez le son) :


 

Lors de sa sortie mercredi soir, contre le Real Madrid, une scène m’a beaucoup amusé. Traditionnellement, le speaker du Westfalenstadion (Signal Iduna Park ? ‘connais pas.) scande le prénom du joueur remplacé, et les 80 000 supporters hurlent son nom de famille.

Cela a donné quelque chose de cocasse dans le cas de Błaszczykowski :

Speaker : « [Trucs en allemand] JAKUUUB… !

Public : « … KUBA ! »

Błaszczykowski étant difficile à prononcer, il est appelé par son surnom, Kuba. J’aurais aussi bien pu l’utiliser, moi aussi, mais vous imaginer essayant de déchiffrer à chaque fois comment lire Błaszczykowski m’a bien fait marrer.

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