Monte Cassino, Italie. 1944. Les forces de l’Axe tiennent la colline, empêchant l’avancée des Alliés vers Rome. Les Américains, les Français, ont tenté de mener l’assaut. Sans succès, à chaque fois, ils ont été contraints de reculer. Le 11 mai s’avance l’armée polonaise du Général Anders.
Le monument à la bataille du Monte Cassino, à Varsovie.
Débarqués depuis septembre 1943, les Alliés sont enlisés dans la péninsule italienne, les Allemands tenant fermement la petite largeur de la péninsule italienne, la colline de Monte Cassino, 516 mètres d’altitude, avec à son sommet une abbaye, étant à la base de la défense de la ligne Gustav. La route vers Rome passe par le Monte Cassino.
Le 17 janvier 1944 débute la première bataille de Monte Cassino, lancée conjointement par les Britanniques, les Américains et le Corps Expéditionnaire Français. Après une avancée rapide, les Allemands contre-attaquent et récupèrent les terrains perdus.
A partir du 15 février, les Néo-Zélandais lancent l’assaut, après que 420 tonnes de bombes se soient abattues sur l’abbaye, la transformant en ruine imprenable. Après trois semaines de météo exécrable, les Allemands repoussent définitivement l’assaut allié le 22 mars. Déjà trois mois que les Alliés sont bloqués au pied du Monte Cassino. Le Reich jubile.
Monte Cassino en 1944
L’assaut final se prépare au début du mois de mai. Le deuxième corps polonais du Général Anders, loyal au gouvernement-en-exil à Londres, est chargé de conquérir le Monte Cassino pendant que les tirailleurs marocains ravagent les positions allemandes aux alentours.
Le 11 mai, les Polonais commencent à escalader un Monte Cassino n’offrant aucun abri aux balles des troupes d’élite allemandes. Après une semaine entière de combats sanglants et héroïques, la tête baissée sous les rouleaux de feu lâchés par l’artillerie allemande, les premières lignes systématiquement déchiquetées, le peu de Polonais encore capables d’avancer prenaient le Monte Cassino, le 18 mai, à 10:20.
Rome tendait les bras aux Alliés, 200 000 âmes resteraient à jamais aux pieds du Monte Cassino.
Le caporal Emil Czech sonne la victoire.
La nuit-même de la victoire, Feliks Konarski et Alfred Schütz écrivent et composent Czerwone maki na Monte Cassino, « Les Coquelicots Rouges du Monte Cassino », jouée quelques jours plus tard aux soldats rescapés de l’assaut.
Czerwone maki na Monte Cassino [Les coquelicots rouges du Monte Cassino]
Zamiast rosy piły polską krew. [Au lieu de rosée ont bu du sang polonais]
Po tych makach szedł żołnierz i ginął, [A travers ces coquelicots est passé un soldat, et y a péri]
Lecz od śmierci silniejszy był gniew. [Mais la colère était plus forte que la mort.]
Przejdą lata i wieki przeminą, [Les années passeront et les siècles passeront,]
Pozostaną ślady dawnych dni. [Ne resteront que les traces de l’ancien temps.]
I tylko maki na Monte Cassino, [Et seulement les coquelicots du Monte Cassino]
Czerwieńsze będą, bo z polskiej wzrosną krwi. [Seront plus rouges, car ils ont été arrosés de sang polonais.]
Sur les flancs du Monte Cassino reposent les dépouilles des soldats polonais. A sa mort après la guerre, le Général Anders, conformément à son souhait, y a été enterré au milieu de tous ses camarades.
Le cimetière militaire polonais du Monte Cassino
L’armée polonaise a mené frontalement l’une des batailles les plus importantes de l’année 1944. Pourtant, les héros de Monte Cassino, à l’instar des vaillants pilotes qui ont défendu Londres pendant le Blitz, ne valurent pas à la Pologne d’être écoutée et prise en considération dans les plans pour l’après-guerre. Pire, délaissée et oubliée par ses alliés occidentaux qu’elle avait pourtant soutenu quand eux l’avaient abandonnée, la Pologne sera écrasée par l’U.R.S.S. de « l’Oncle Joe » Staline pour le demi-siècle à venir.
Un film sur la bataille est prévu pour 2014 avec un héros…américain. Il n’aurait plus manqué que le personnage principal soit un Polonais ou un Néo-Zélandais, ou pire encore, un Marocain, tiens ! Comme si ceux-là avaient payés un tribut à la guerre, n’importe quoi.
Monte Cassino après la bataille
Le mot de la fin à Jean-Paul II :
« Chaque Polonais se souvient avec orgueil de cette bataille qui, grâce à l'héroïsme de l'armée commandée par le général Anders, ouvrit aux Alliés la route de la libération de l'Italie et de la défaite des envahisseurs nazis. Au cimetière militaire du Monte Cassino, se trouvent des tombes surmontées de croix latines et grecques, ainsi que des pierres tombales portant l'étoile de David. Là-bas reposent les héros tombés au feu, unis par l'idéal de lutter pour "votre liberté et pour la nôtre", qui inclut non seulement l'amour pour sa propre patrie, mais également la sollicitude pour l'indépendance politique et spirituelle d'autres nations. »