Après Wszytsko, co kocham, je me suis lancé dans le visionnage d’un autre film polonais, 1920
Bitwa Warszawska, en français 1920 : La Bataille de Varsovie. Sorti le 30 septembre 2011, Bitwa est le premier film polonais à sortir en 3D, avec un budget gigantesque.
Déjà lorsque j’étais à Cracovie fin août, c’était la folie, les affiches géantes barraient les murs, une grosse grosse campagne marketing.
Mais pour quoi au final ?
Commençons par un petit contexte. Après avoir acquis son indépendance en 1918 comme je le relatais dans cet
article, le Maréchal Pilsudski veut aller libérer les Ukrainiens pour former une Fédération des Etats indépendants entre la terrible Germanie et les Bolcheviques, le tout dans un contexte
d’accrochages permanents avec la Russie soviétique en pleine guerre civile entre Rouges et Blancs. Pilsudski lance donc les armées polonaises vers Kiev, libère la ville mais se prend de plein
fouet la contre-offensive soviétique, qui décime l’armée polonaise et l’accule jusqu’aux portes de Varsovie. Et là, c’est le « miracle de la Vistule » : Pilsudski tente la manœuvre
de la dernière chance, un suicide militaire, et qui, contre toute attente, réussit. Voilà, je viens de vous raconter le film, mais en même temps vous pensiez vraiment que les Polonais allaient
faire un film où ils se font ratatiner ? Et puis Varsovie serait tombée, on serait tous en Sovietie aujourd’hui (coucou Michel Sardou).
On veut des frites !
Comment est le film ?
C’est perturbant. J’ai passé, globalement, un bon moment, mais je n’ai pas cessé de pester contre le ridicule de certaines situations. Le film s’ouvre sur une réunion entre Lénine et les
dirigeants de la Russie, avec le gros Staline dégueulasse et grossier. Là j’ai cru que j’allais juste éteindre le film et faire autre chose, ils présentent Lénine comme le va-t-en-guerre qui a
tout précipité. Ok, qui c’est qui a lancé ses armées sur Kiev ? La Pologne, ok, donc voilà. J’ai failli m’étrangler devant la caricature. Et je passe sur les représentations des soldats
bolchéviques, qui sont dépeints comme des animaux. Il n’y a pas un personnage soviétique, du paysan au général, qui soit « normal ». Il n’a pas à être sympathique au spectateur, je m’en
fiche, mais juste ne pas rendre cela caricatural. Oui, c’est un film polonais pour les Polonais, je suis d’accord, mais c’est tellement grossier. J’avais pas vu un tel niveau de caricature depuis
La Rafle.
Le film est centré (c’est un grand mot, j’y reviendrai) sur les aventures de Benoit Poelvoorde, ou plutôt son prête-nom polonais, Jan Krynicki, interprété par Borys Szyc. Soldat un peu bravache,
grande-gueule, il lui arrive tout un tas de péripéties avec notamment un retournement de situation qui arrive au début du film qui est très très bon, vraiment. Mais le personnage est là
encore un brin caricatural. D’autant plus que Benoit Poelvoorde a une copine, la jolie Ola qui est chanteuse de cabaret. Leur relation donne juste envie de vomir des papillons et de péter des
étoiles, qu’est-ce que c’est cul-cul ! Et pour ne pas spoiler, je ne dirai rien sur ce qu’advient d’Ola, mais c’est le comble du ridicule, je crois que je n’ai jamais vu ça.
Benoit Poelvoorde est pas content.
Eh ben dis donc Vivien, après ce que tu viens de dire, difficile de croire que tu as un minimum apprécié le film. J’avoue, et ce n’est pas fini. Parlons de la 3D. Déjà, j’ai vu le film en 2D
parce que je ne supporte pas de porter des lunettes 3D qui assombrissent le film (coucou Pirates des Caraïbes 4). Et comme les réalisateurs ne savent pas user de la 3D de manière
intelligente, Bitwa ne déroge pas à la règle : on se tape tous les plans pourris et convenus faits juste pour utiliser la 3D. Le film est à l’usage de la 3D et non l’inverse. Tout le
film, je l’ai attendue, et évidemment, elle a fini par arriver, la tache de sang en 3D qui est censée de répandre sur le spectateur. Sans surprise, le plan est merdique.
Je crois que j’en ai fini avec ce que je n’ai pas aimé dans le film. Ça fait beaucoup. Mais pourtant, on passe globalement un moment pas désagréable. Ce n’est clairement pas un chef-d’œuvre, et
ce pour une seule et unique raison : la portée commerciale du film. Qui dit gros investissement dit haut seuil de rentabilité. Donc il faut plaire. J’imagine très bien le réalisateur,
Hoffman, avoir son petit cahier, et faire une liste de ce qu’il doit mettre dans son film : « alors j’ai une histoire d’amour, check, j’ai de la 3D, check, j’ai une petite critique
social, check, on voit le gros Staline, check, une grosse bataille, check » ad vitam eternam. Tout s’enchaine sans aucun lien, c’est un patchwork de séquences.
Benoit Poelvoorde trimballe sa nouvelle femme.
Mais il y a des séquences réussies : les batailles par exemple, qui constituent les deux-tiers du film. C’est plutôt bien filmé, avec beaucoup de rythme. Il y a des plans pris en diagonale
on voit pas trop l’intérêt mais tant pis, les effets sont bons, la musique alterne l’épique et le bon. Les combats font très « réels », c’est très gore et c’est très souvent du corps à
corps à coups de baïonnettes de crosses. Là-dessus, c’est plutôt du bon boulot. Une chevauchée désespérée m’a même donné de gros frissons.
Benoit Poelvoorde fronce les sourcils.
Alors d’accord, la liste des points positifs parait diablement réduite en comparaison de la liste que j’ai fait des points négatifs (et j’ai pas parlé des tentatives d’humour qui tombent à plat
c’est une horreur), mais à la fin du film, on n’est pas en colère ou attristé par le film, on est juste déçu car ça aurait pu être bien mieux. C’est un film de guerre sur une période qui n’est
pas beaucoup abordée au cinéma donc c'est plutôt rafraichissant ; niveau action, c’est plutôt bon, donc j’ai envie de dire que le film remplit très bien son objectif principal, qui pourrait se
résumer à boom-bam-takatakatakataka-shblaaaaaarf-aaaarg. Le reste n’est pas foncièrement mauvais, c’est juste très maladroit. Si je devais donner une note qui résumerait ce que j’en ai pensé, ça
serait 5/10 : au-dessus, c’est bon, en-dessous, c’est mauvais. La note typique d’un film dont on ne sait pas trop quoi penser.
Après, il y a toute la symbologie chrétienne présente le long du film qui me donne des boutons, mais bon, la Pologne en 1920, c’était logique, c’est juste mon ultra-laïcisme primaire qui est
heurté dans son petit for intérieur.
Pour finir, bien évidemment, la bande-annonce :