Le deuxième volet de ma semaine thématique sur l’Insurrection de Varsovie est consacré au musée établi en 2004 à la mémoire de l’évènement, le Muzeum Powstania Warszawskiego.
Alors je tiens d’abord à le préciser tout de suite : je ne sais pas si j’aime ou je n’aime pas le Musée, que j’ai visité par deux fois, à un an d’intervalle : une première fois lors de mes premières heures à Varsovie, et la seconde fois après plus de cinq mois de vie dans la capitale polonaise. Et cela change beaucoup la perspective envers les évènements (mais pas tellement les griefs que j’ai contre ce Musée à la Michael Bay).
Présentons factuellement ce qui est, ma foi, un fort beau musée. Il est situé un peu à l’écart du centre-ville, dans le quartier de Wola (c’est chez moi !), à, disons, un peu moins d’une dizaine de minutes en tramway de la Gare Centrale (Dworzec Centralny). C’est un musée tout neuf, inauguré en 2004. Pourquoi si tard ? Eh bien, disons que nos amis les Rouges n’étaient pas trop d’accord pour célébrer la mémoire de leurs ennemis résistants : déjà, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, tous les dirigeants et commandants de l’Armia Krajowa (AK, Armée Nationale) ont été jugés à Moscou pour collaboration avec les Nazis (WTF ?) et déportés au goulag, où ils sont tous morts. Après la petite relâche du régime coco, une Association a été créée en 1983 mais cela a pris du temps pour mettre en place ce qui représente, je dois l’admettre, un travail assez titanesque. Car j’ai beau ne pas être d’accord avec plusieurs orientations du musée, il faut bien se rendre compte que pour le passionné de la période, le musée est une véritable mine d’or : il y a des tiroirs absolument partout avec des pages et des pages d’informations, ainsi que des bornes qui présentent les destins détaillés de plusieurs centaines de combattants, de civils, etc. C’est assez incroyable.
La visite du musée commence par une remise de l’Insurrection dans son contexte, avec plusieurs vidéos explicatives, etc, mais surtout, le premier truc qui choque quand on entre dans le Musée, c’est le grand mur noir qui nous fait face et à l’intérieur duquel bat un cœur, le cœur de la ville. C’est assez perturbant, d’autant plus que vous ne trouverez jamais le silence dans le Musée : il y a toujours, en fond, des bruits de tirs de mitraillettes, d’obus qui explosent, etc… C’est le côté Michael Bay du Musée, on aime ou on n’aime pas. Je suis toujours pas décidé, personnellement.
Après commencent les explications sur la mise en place de la Godzina-W, l’Heure-W, le 1er août à 17h pour le lancement de l’Insurrection, puis les premiers jours, l’euphorie, les premiers revers, etc... Beaucoup de témoignages vidéos, de reconstitutions de salles et d’objets d’époque. Dans la salle principale trône une réplique grandeur nature d’un B-24 Liberator. Alors, je le concède aisément, je ne suis pas un expert de la Seconde Guerre Mondiale, et les flingues, ça a jamais été ma grande passion, mais pour les amoureux de l’Histoire de cette guerre, ce Musée est phénoménal.
Le rez-de-chaussée du musée est donc très explicatif, par un ordre chronologique très détaillé, l’on comprend aisément ce qu’il s’est passé les premiers jours. Dans un coin du grand hall, un écran géant passe un documentaire d’une vingtaine de minutes retraçant l’Insurrection avec des images de propagande polonaise d’époque. Très très intéressant mais malheureusement, il n’y a pas beaucoup de monde qui s’y arrête. Peut-être parce qu’ils sont attirés par un autre film, La Ville en Ruines. Pour 2 PLN de plus à l’entrée, vous pouvez survoler Varsovie en 3D au début de l’année 1945. A faire quand l’on a déjà un peu repéré la ville pour savoir quoi est où, et se rendre compte encore plus du désastre. C’est très bon, même si la 3D est plus gadget qu’autre chose, mais ce n’est pas bien grave.
Vous me direz, « mais jusque-là Vivien, tu es plutôt élogieux sur le Musée ». Ah mais oui mes bonnes gens, mais attendez, ça, c’était le rez-de-chaussée, il y a un premier étage. Et ils ont pas dû engager le même type pour composer les deux expositions.
C’est une catastrophe. On ne comprend strictement rien. L’ordre chronologique est abandonné en faveur d’un ordre thématique où tout se mélange, et il y a beaucoup moins de matériel, si bien que le néophyte sera perdu dès ses premiers pas, aura l’impression de piétiner, de tourner en rond et n’aura plus qu’une envie : partir. D’autant plus que les détails un brin nationalistes aisément pardonnables dans le contexte du rez-de-chaussée virent dans un patriotisme de mauvais goût à l’étage. Sérieusement, la petite partie sur la période communiste post-1945, elle sert à quoi à part faire tâche dans l’ensemble ? Il y a bien évidemment de jolies salles, toujours, notamment celle consacrée aux enfants lors de l’Insurrection, qui met carrément la larme à l’œil (photo d’un cercueil d’un gamin de treize ans qui s’est fait fauché par un sniper alors qu’il transmettait des ordres, avec dans une vitrine ses effets personnels et sa chemise transpercée de part en part).
Mais vraiment, si vous ne connaissez pas l’Histoire de l’Insurrection, vous risquez de louper la Capitulation, qui est cachée dans le recoin d’un couloir. Au début, j’avais pas compris que les Polonais avaient perdus. Ah mais si, regarde Vivien, ils l’ont marqué en tout petit, là, retourne sur tes pas, tu verras, ah oui d’accord.
Voilà donc mon avis sur le Musée, qui, comme je l’ai dit, a de nombreux défauts. Pour autant, quiconque passe par Varsovie se doit de visiter le Musée de l’Insurrection pour comprendre la ville, tout simplement. C’est l’acte fondateur de la Pologne post-Seconde Guerre Mondiale, un élément de fierté immense, et le Musée se met au niveau de cette fierté avec son emballage grand spectacle, sans pour autant renier l’information qu’on trouve en abondance. Le rez-de-chaussée du Musée est tellement bon qu’aller, on peut pardonner le médiocre premier étage.
Le prix du ticket plein tarif est de 14 PLN, tarif spécial à 10 PLN, dans les deux cas le film en 3D est à 2 PLN.
Le musée est ouvert :
Lundi : 8.00 – 18.00
Mardi : fermé
Mercredi : 8.00 – 18.00
Jeudi : 8.00 – 20.00
Vendredi : 8.00 – 18.00
Samedi et dimanche : 10.00 – 18.00
Oh, et c’est gratuit le dimanche (sauf le film, qui reste à 2 PLN).